lundi 21 octobre 2013

Dimanche 20 octobre : Fernie - Jaffray (55km - total 4062km)

Et voilà, la fin de ma balade en vélo!

Après avoir dégusté de délicieux pancakes préparés par Ginette et Amanda, j'ai décollé de Fernie vers 15h30.
Il faisait un temps superbe, une légère brise de face, mais rien de méchant. Que cette région est belle! Si belle! Les montagnes sont partout. Remplies de jolis pins. La plupart sont encore verts, mais beaucoup d'entre eux sont littéralement oranges, voire jaunes. C'est magnifique, on dirait un tableau pointilliste.

J'ai roulé tranquillement jusqu'à I.D.E.A.L Society (lien). Parlons-en un peu. C'est un écovillage, c'est à dire une petite communauté d'environ 60 personnes qui s'auto-suffit. Attention, ça ne veut pas dire qu'ils sont complètement coupés du monde extérieur, pas du tout. Il y a un ostéopathe qui reçoit des gens des environs, il y a des cours de musique, de chant, ils vendent du miel et divers produits bios, ils offrent des cours sur la perinatalité, et plein d'autres choses je pense. La plupart des gens ici sont francophones, il y a beaucoup de français, mais aussi des allemands, des espagnols, des suisses, et évidemment des canadiens! L'endroit est magnifique, j'ai été accueilli par quelques biches, et deux impalas! Un petit ruisseau coule paisiblement à l'entrée du village.
Ce qui est super, c'est que tout est bio ici! Ca va me changer de mon régime de ces 50 derniers jours!

Un des principaux aspect de cette communauté est aussi spirituel. Ils suivent l'enseignement de feu Omraam Mikhaël Aïvanhov, un ésotériste français, je vous invite à lire son wikipedia (lien).
En gros c'est une communauté de personnes qui vivent simplement, et qui sont dans une démarche de recherche spirituelle. Tout est très libre ici, personne n'est obligé de suivre l'enseignement spirituel par exemple, en fait, personne n'est obligé de rien. Pour ma part, je suis ouvert à tout! Je prendrai ce qui me semble bon, et laisserai ce qui ne m'intéresse pas.

A mon arrivée, j'ai été accueilli par Miliana, la maman (encore une) d'Anouk (la copine de William). J'ai ensuite rencontré Yann, mon apiculteur. Il a trente ans, et il à l'air super sympa, le feeling est très bien passé. Il est vraiment passionné par les abeilles, il revient d'ailleurs d'un cours d'apithérapie à Vancouver, et compte acheter plus de ruches pour les prochaines saisons, et se consacrer à cet médecine. Il m'a expliqué que les plus avancés dans ce domaine étaient les roumains, ce qui ne m'étonne pas du tout, mon ami d'enfance Sergiu est roumain, et il m'a fait goûter un des meilleurs miels de toute ma vie!

Après m'être installé dans ma petite chambre, je suis allé dans le bâtiment principal, le Temple. C'est là que se passent les repas. Encore une fois, personne n'est obligé de venir y manger. Les repas se font à des heures très exactes : 7h30 pour le petit déjeuner (8h30 les weekends), 12h30 pour le déjeuner, et 18h30 pour le dîner. Le dîner est un repas un peu spécial, car il se passe en silence, c'est ce qu'ils appellent le yoga de la nutrition. Le petit-déjeuner est le repas le plus important, car généralement, toute la communauté s'y retrouve. Tout le monde chante, fait une prière de remerciement, et il y a une lecture sur une thématique (j'en saurais plus demain). Quant au repas du midi, il se passe dans la cuisine, et est beaucoup moins solennel.
Ici, tout le monde fait à manger ainsi que la vaisselle. Ils ont un système de liste où chacun s'inscrit volontairement, mais ce sont souvent les mêmes qui s'occupent des repas.

Après le dîner, j'ai fait la connaissance de Pascal, un suisse de 44ans, super sympa. Il a ramassé plein de champignons, il était super content quand je lui ai demandé si je pouvais l'accompagner pour qu'il m'apprenne ce qu'il sait. J'ai trop hâte!
J'ai aussi rencontré Denise, une ontarienne qui elle travaille avec les plantes. On a passé une bonne partie de la soirée ensemble, je l'ai aidée à préparer une teinture à base racines. Elle aussi aura sûrement beaucoup à m'apprendre!

Me voici donc arrivé au terme de mon voyage en vélo, après un total de 4062 kilomètres parcourus. La balade s'achève, mais un autre voyage commence à présent. Il y a dans cet endroit, et dans ces montagnes une énergie vraiment forte, et très positive. Je me suis tout de suite senti chez moi en arrivant à I.D.E.A.L. Je compte y rester jusqu'au 15 décembre environ, car mon travail commencera à cette période-là.

Dodo maintenant, j'ai hâte d'être à demain : je vais goûter le miel de Yann!!! Je n'ai pas de photos encore, mais ca viendra!

dimanche 20 octobre 2013

Samedi 19 octobre : repos à Fernie

Merveilleuse nouvelle aujourd'hui!

Après m'être fait réveillé par une armée de bambins, j'ai dégusté le délicieux petit déjeuner qu'ils m'avaient préparé.
Je me suis ensuite rendu à la Job's Fair, histoire de trouver un travail pour la saison de ski. Je suis donc arrivé là-bas sans C.V., le gros touriste quoi. Tous les gens présents avaient un rendez-vous, leurs CV avec eux, leurs beaux vêtements, etc...
J'ai donc rempli sommairement un questionnaire, puis j'ai attendu le rendez-vous de midi. En fait, ce n'étaient pas  des entrevues privées, mais de groupes. Perso, j'avais postulé pour des boulots dans les remontées mécaniques, et les bars.
Le concept était assez inédit j'ai trouvé : ils nous ont séparés en deux groupes de quatre, et nous devions préparer une petite improvisation sous l'œil attentif des recruteurs. Le problème, c'est qu'ils m'ont mis avec trois australiens, et les australiens ont un sacré accent, et surtout, ils parlent vite, du coup, j'ai compris, mais ça m'a demandé un gros effort, et je les ai fait répéter plusieurs fois. Cela n'a pas vraiment joué en ma faveur. Après délibération, un des recruteurs, Hugo, m'a pris à part, et m'a expliqué qu'ils n'allaient pas me donner de travail, car mon anglais n'est pas assez performant, alors que franchement, sans me vanter, je parle plutôt bien, avec un bon accent et tout. Seulement, il y a beaucoup de touristes australiens, du coup...
Voyant ma déception, je pense qu'Hugo à eu pitié de moi. Au passage, c'est un québécois. Il avait vu ma détermination, et m'a donc emmené auprès de Guillaume, un autre québécois super sympa, qui est manager d'un super resto juste en bas des pistes.
"Alors comme ça t'as traversé le Canada en vélo?!", et après deux minutes de discussion, je me suis retrouvé avec un travail de "prepcook" à temps plein. En gros, je vais travailler en cuisine. Le salaire n'est pas bien élevé, mais je m'en fous, j'ai les repas offerts, et surtout, une méga pass de ski pour toute la saison, et toutes les stations du coin!!!!! Je crois même que j'aurais droit à des réductions pour une dizaine d'amis! A confirmer, donc, à bon entendeur, premiers arrivés, premiers servis! C'est pas le bonheur ça?

Je suis ensuite retourné me reposer chez les trois mamans. On a passé une tranquille soirée à discuter, après avoir écouté un petit concert préparés par les ainés de 9ans. Trop mignons!

Aller, dodo maintenant, je vais rêver de ski dans la poudreuse ce soir!

Amanda, Ginette et Courtney

samedi 19 octobre 2013

Vendredi 18 octobre : Bellevue - Fernie (89km)

Quelle nuit j'ai passé, et quel réveil!

Je me suis endormi vers 22h, après m'être confortablement installé dans ma tente. Il faisait -2°C dehors, j'ai mis du temps à me réchauffer cette fois-ci. Je me suis évidemment réveillé vers minuit, je me réveille toujours vers minuit... Difficile de me rendormir ensuite! Pourquoi? Pas parce que j'ai peur d'un quelconque animal sauvage, non, plutôt parce que je suis aux pieds des Rocheuses, et que j'ai tellement envie d'être demain. Mon excitation m'a donné bien du mal à retrouver le sommeil, surtout que le vent s'en est mêlé assez violemment à partir de 3h du matin, secouant ma tente dans tous les sens. Heureusement, je suis maintenant expert dans l'art de la planter, pas de risque de m'envoler! Finalement, levé à 9h pour moi. Le vent est violent, évidemment contre moi, mais je m'en fous, peu importe où je regarde, c'est un chef-d'œuvre à chaque fois.

Pour atteindre Fernie, je dois traverser la Crowsnest Pass. Will et Anouk m'avaient prévenu que ça allait être venteux, ils avaient raison. Ma tente s'est quasiment envolée quand j'ai voulu la démonter. Les rafales atteignaient presque les 40km/h. J'ai donc pris mon courage à deux mains, mû par la volonté d'enfin rejoindre la Colombie-Britannique, et me retrouver au cœur des montagnes. J'ai mis une heure pour faire 12km, et rejoindre Bellevue où je voulais prendre un petit-déjeuner, car j'ai épuisé toutes mes réserves de nourriture. Finalement, j'ai pris une pizza, midi approchait, et j'avais vraiment faim.

Après ce bon repas, j'ai attaqué les choses sérieuses. Difficile d'avancer, j'ai peiné à doubler une dame qui marchait sur le bord de la route, j'ai mis au moins 3h pour atteindre les 50km. Une chose m'a surpris : ça ne montait pas vraiment! Évidemment il y a eu des côtes, mais William avait raison, l'Ontario nous a donné bien plus de difficulté que les Rocheuses. Enfin, je peux difficilement comparé, il a traversé toutes les Rocheuses pour se rendre jusqu'à Vancouver.

Quant à moi, mon voyage s'achève. J'ai atteint la barre des 4000km un peu avant Fernie, j'ai fêté ça tout seul sur mon vélo eheh! J'ai ensuite retrouvé Amanda. Elle m'a offert de me reposer tranquillement chez elle, car elle et ses trois enfants passaient la soirée chez des amies, mais pas question pour moi de me coucher! Je veux célébrer! Elle m'a donc offert de l'accompagner, en me mettant en garde que j'allais être entouré d'enfants : sept en tout. Et oui, ses deux amies, Ginette et Courtney, sont mamans aussi. Leurs maris travaillent tous pour des compagnies pétrolières, et sont absents pour le moment. J'ai passé une très agréable soirée en leur compagnie, elles m'ont tellement bien accueilli, comme des mamans quoi!

Me voilà dans mon lit à présent. Il ne me reste qu'une cinquantaine de kilomètres avant d'arriver à Jaffray, et enfin prendre le temps de réaliser ce que j'ai vécu ces 48 derniers jours.

Oui, quelle aventure! Physique, mentale, intérieure, extérieure. Combien de rencontres inédites, de paysages exceptionnels! J'ai beaucoup appris de ce voyage. Tout d'abord, que j'avais peur des autres. Et oui, pour quelqu'un comme moi, qui n'est pas vraiment sorti de sa chaise devant son ordinateur, ce n'était pas évident d'aller cogner aux portes de maisons isolées sur le bord de l'autoroute. J'ai compris qu'il suffit de peu de choses pour que les gens vous ouvrent leur coeur et leur foyer, et ça m'a donné beaucoup de confiance, en moi et en les autres. A l'avenir, il sera difficile pour moi de concevoir un voyage sans couchsurfing. Ce merveilleux concept regroupe donc des gens merveilleux. Cela coûte bien moins cher que prendre une chambre d'hôtel dans un quelconque motel ou resort, qui finalement ne changera en rien notre quotidien, et ne fera que le téléporter à une autre place du globe. Quoi de mieux que d'être chez quelqu'un qui accepte de laisser rentrer un étranger chez lui, vivre son quotidien, faire partie de sa vie pour un court moment, et partager nos expériences. Chaque rencontre que j'ai faite ces derniers 48 jours était un voyage en soi.

Et quelle incroyable sensation que se réveiller chaque matin dans un endroit différent, sans savoir de quoi sera faite ma journée, dans quels paysages je vais rouler, ni où je terminerai ma course. C'est ça le Voyage! Ce n'est pas juste une destination exotique, c'est l'inconnu! C'est les autres! C'est soi-même! 

C'est faire l'expérience véritable, de la Liberté.

vendredi 18 octobre 2013

Jeudi 17 octobre : Nanton - Bellevue (109km)

Après deux super journées passées à Calgary, me revoici sur la route.

Ce matin je me suis réveillé vers 9h avec une bonne nouvelle : Amanda avait répondu positivement à ma requête de couchsurfing. Pour vous rafraichir la mémoire, Amanda est la fille de Jeannie, la patronne du Shela's Motel à Kenora qui m'avait offert une chambre (voir le post du 1er octobre). Elle, son mari et leurs trois petits enfants m'attendent donc pour vendredi. Ce qui est très cool aussi, c'est qu'il se tient à Fernie une "job's fair", littéralement une foire à l'emploi, vendredi et samedi! Coïncidence?

Après avoir lu cette bonne nouvelle, je suis allé prendre mon petit déjeuner, préparé par William : toasts de beurre d'amandes tartinés de bon miel. Le mec me prend par les sentiments... Une fois le ventre plein, j'ai dit au revoir à Anouk, et nous avons pris la route, William, mon vélo et moi, en direction de Nanton. Nous avons bien rigolé en chemin, et la vue était magnifique, on voyait tellement bien les montagnes, beaucoup mieux que quand je suis arrivé à Calgary, elles sont toutes enneigées, et il y en a tellement.

Nous sommes finalement arrivés à l'endroit où William comptait me déposer, un peu après Nanton, sur la 533. Si vous regardez la carte, cette route tourne brusquement vers le sud, c'est ici que je lui ai dit au revoir.
Au revoir oui, et sûrement pas adieu! Lui et Anouk viendront sûrement à I.D.E.A.L. Society pour voir la maman d'Anouk, et ils viendront me voir pour skier cet hiver à Fernie. Je vous remercie encore du fond du cœur tous les deux. Votre accueil à été des plus chaleureux, vous me manquez déjà!

J'étais très excité à l'idée de reprendre la route. La température était vraiment froide, surtout à cause du vent qui soufflait bien fort de nord-ouest, heureusement que j'allais vers le sud! La route est magnifique. Chaque tronçon est un véritable tableau. La chaine de montagnes au loin, j'avançais dans ces petites collines pleines de pâturages où paissent paisiblement des vaches. Cela m'a fait penser étrangement à la Normandie. Il y avait déjà un peu de neige par-ci par-là, l'hiver est tout proche!

Il s'est mis à grêler légèrement quand je suis arrivé au Chain Lakes Provincial Park. Heureusement qu'il y avait une cuisine réservée aux campeurs. J'ai donc pu m'y rassasier à l'abri, en regardant émerveillé les Rocheuses qui se dressaient devant moi. J'arrive mes jolies! Au passage, vos carottes étaient délicieuses Will et Anouk.

Plus tard sur mon vélo, j'ai aperçu des biches, ainsi que plusieurs cerfs aux bois magnifiques. Ils gambadaient insouciants dans les prés. J'ai aussi vu deux cow-boys à cheval qui m'ont salué, j'ai tout de suite pensé à Léontine, Octavie, Joseph, et à toi Audray, je sais que t'aurais adoré voir ça!

J'ai planté la tente à la nuit tombée, au bord de la route. J'ai mangé du quinoa ce soir, et j'écris ces lignes sous une lune quasi pleine, en face de la Grande Ourse, et juste en dessous de Cassiopée. Je peux distinguer les toit enneigés des montagnes aux loin. Il fait froid, mais je m'en fous, je suis en Alberta, aux pieds des Rockie Mountains!

jeudi 17 octobre 2013

Mercredi 16 octobre : repos chez William

Aujourd'hui j'ai fait un peu plus la connaissance de William. Je l'ai accompagné faire les choses qu'il avait prévues. Il m'a ensuite invité à déjeuner dans un buffet indien, service à volonté, autant vous dire que j'ai mangé comme un goret! Et c'était bon!

Le soir, nous sommes rentrés cuisiner une soupe aux patates douces. La copine de William, Anouk, nous a ensuite rejoints, et nous nous sommes régalés. Puis ils m'ont invité à les accompagner faire de l'escalade, je n'étais pas trop chaud, car j'ai les épaules fragiles, mais ils m'ont convaincu, et puis, ils sont tous les deux ostéopathes, je me sentais donc en confiance! J'ai adoré ce moment. J'ai grimpé plusieurs voies! Heureusement qu'en Will était là pour m'assurer, sinon je ne serais pas là à écrire ces lignes. Je pense que je vais m'y mettre de manière régulière à mon retour en France!

Demain, je reprends la route! Will me déposera aux pieds des Rocheuses, car il me dit que la route pour s'y rendre de Calgary est plate. Je prendrais donc mon temps dans ces belles montagnes, et j'essaierai de faire de'bemles photos malgré la médiocrité de mon équipement!

Dodo maintenant.


mercredi 16 octobre 2013

Mardi 15 octobre : Calgary (12km)

Après m'être réveillé bien tard chez Nisha, j'ai pris mon temps pour écrire mon blog, me régaler d'un bon petit déjeuner, et prendre congé d'elle pour enfin aller rejoindre William.

Je l'ai retrouvé devant sa maison après une super balade en vélo dans Calgary. Ca a l'air d'être une ville super sympa!
C'est un passionné de montagne, je comprends pourquoi il est installé à Calgary. On s'est tout de suite super bien entendu, mais c'est comme si on se connaissait déjà. Il m'a expliqué qu'il se sentait un peu responsable de moi, c'est pour cela qu'il m'envoyait fréquemment des mails pour me conseiller sur certaines choses, genre ma tendinite au genou, mon dos, les étirements que je devrais faire, les ours! En fait, il a fait des études d'ostéopathie, et connait donc très bien le corps humain et ses fonctionnements. Il m'a d'ailleurs proposé de me faire une séance demain, ça me fera le plus grand bien après autant de jours de vélo!

Demain c'est repos pour moi, je vais en profiter pour découvrir la ville et le quotidien de mon nouvel ami!

mardi 15 octobre 2013

Lundi 14 octobre : Bassano - Calgary (154km)

Toute une journée ce lundi, et quelle journée!

Bon, hier soir, quand j'ai dis que je n'avais vu personne c'était faux, il y avait plusieurs familles qui campaient là pour Thanksgiving. Un petit garçon est venu m'éclairer alors que je montais ma tente dans la nuit. Quand je lui ai dit d'où j'avais commencé mon voyage, il m'a demandé : "Are you a Terry Fox?" Ca m'a bien fait rire.

Bref j'ai bien dormi cette nuit, malgré le froid. Ma tente était gelée au réveil, et mes sacoches aussi. Je me suis régalé de quelques tartines de miel, d'ailleurs, j'ai quasiment fini le pot de Luis... Vous voyez, ça part vite un kilo de miel avec moi!

Je m'étais levé tôt pour partir tôt, mais quelques appels de skype m'ont retenus bien longtemps, et c'est vers midi que j'ai finalement pris la route. Toujours trop tard donc, mais c'est pas grave. Il y avait un léger vent de face, entre 7 et 10km/h, rien de bien méchant pour quelqu'un qui a roulé contre des rafales de 40km/h! Il ne faisait pas trop froid, avec un beau soleil.

Je suis entré dans le comté de Wheatland aujourd'hui, et le décor a de nouveau changé. Fini les prairies et leur herbe sèche, tout n'est désormais que champs de blé doré. La route était bien plus sportive que ces derniers jours, sans doute une légère mise en bouche de ce qui m'attendra dans les montagnes. En parlant d'elles, après 80km parcourus, à chaque fois que je franchissais un côte, je caressais l'espoir de les apercevoir. Je savais au fond de moi que j'étais trop loin encore, mais cela me donnait beaucoup de motivation pour gravir ces grandes montées. J'ai fait une vraie pause au bout de 90km, à Strathmore, dans un Tim Horton's où je me suis offert deux muffins aux pépites de chocolat pour un bon boost de sucre. Le thé vert à remplacé le chocolat chaud depuis un bon moment maintenant. Il était tard, 17h, et il me restait encore une bonne soixantaine de kilomètres avant Calgary. Je n'avais reçu qu'une seule réponse à mes requêtes de couchsurfing, heureusement positive! Ce soir, c'est Nisha qui sera mon hôte, elle est indienne et a l'air très sympathique.

Après 15mn de pause, il était temps pour moi de repartir. Nisha habite dans la partie ouest de Calgary, il me restait encore un bon bout de chemin, et le soleil avait bien entamé sa descente. J'ai donc enfourché mon vélo et repris la route, et là... Au terme de cette côte à la sortie de Strathmore, alors que j'essayais de penser à mon itinéraire, je les ai vues! Les Rocheuses! Quelle merveille! Je ne voyais pas les détails évidemment, juste leur silhouette, avec le soleil couchant, les couleurs étaient magnifiques. Une grande vague d'émotion m'a envahi, la même que quand j'écoute cette musique : lien
Enfin, me voilà devant mon but, mon rêve. Il est devant moi après 44 jours de traversée, dont 37 jours de vélo. Je me rappelle de ce que m'avait répondu William la première fois que je l'avais contacté : "Tu vas voir, ça va passer très vite!" Tu avais raison Will, et ça en valait la peine. J'ai eu une pensée pour chacun de vous, qui me lisez, je ne citerai pas les noms, car vous y êtes tous. A chaque coup de pédale le frisson de cette vision me parcourait l'échine plus intensément encore que la seconde d'avant. Quelle chance j'ai, d'avoir pu accomplir ce voyage, accompagné de vos pensées, c'est aussi grâce à vous que je suis ici. Merci.

Bon, l'arrivée à Calgary m'a sorti un peu brutalement de cet état. J'avais regardé l'itinéraire des voitures pour me rendre chez Nisha, car ils sont souvent bien plus rapides. Erreur! Je suis passé par des quartiers aux habitants pas très accueillants, et me suis retrouvé à rouler sur l'autoroute qui traverse la ville, en pleine nuit, et il n'y pas du tout de place pour les vélos.
Finalement je suis arrivé chez mon hôte avec une heure de retard. Quel soulagement, et quelle douche! J'en avais bien besoin. J'ai ensuite dévoré je pense 350g de pâtes en compagnie de Nisha. On a bien discuté, échangé à propos de nos cultures tellement différentes. On s'est couchés vers 2h30 du matin!

Je n'oublierai jamais cette journée!

Mes sacoches étaient gelées ce matin

Nouveau comté

On ne distingue pas très bien les montagnes mais je peux vous assurer qu'on les voyait bien!

Calgary

Nisha

lundi 14 octobre 2013

Dimanche 13 octobre : Suffield - Bassano (118km)

Et voilà, la même journée qu'hier!

Je ne suis pas très inspiré ce soir. La journée à été assez monotone. Je me suis arrêté faire mon épicerie à Brooks. J'ai traversé les prairies, j'ai vu des champs dans lesquels il y avait des Pumperjacks, vous savez, ces machines qui servent à extraire le pétrole. J'ai roulé sous d'immenses nuées d'oiseaux migrateurs, certaines sont passées très bas, juste devant moi, sûrement pour me saluer, car la fin de mon voyage en vélo approche.

Demain, c'est Calgary, Will ne pourra m'accueillir que mardi, j'ai donc envoyé des requêtes de couchsurfing.

Je me couche à présent, il fait -3°C dehors, mais je me suis régalé d'une bonne plâtrée de pâtes, et je suis bien couvert. Je suis dans un petit camping, mais je n'ai vu personne.

Un PumperJack
Clara, je pense souvent à toi, les nuages sont magnifiques, et je sais Ô combien tu aimes les photographier

dimanche 13 octobre 2013

Samedi 12 octobre : Maple Creek - Suffield (137km)

Enfin! Enfin une belle journée de vélo sans vent!

Après m'être réveillé et mangé trois bananes au soleil, j'ai pris la route. Comme j'avais bien chaud, j'ai tombé le t-shirt, mais après avoir roulé 200m, l'air frais m'a rappelé qu'il ne faisait que 11°C, et qu'avec la petite brise qu'il y avait, la température ressentie ne devait pas dépasser les 7°C. Je me suis donc rhabillé en conséquence, puis j'ai décollé.

Je me trouve maintenant au milieu des Badlands du Canada. Ca me rappelle le premier film de Terrence Malick qui porte le même nom. Le paysage est incroyable, tu avais raison Mam's, c'est une immense steppe, légèrement vallonnée. Souvent, lorsque j'aperçois une voiture au loin, il y a un mirage généré par le soleil qui fait qu'on ne voit plus la route du tout. C'est comme si elle roulait sur du vide.

Je suis heureux, car j'ai eu la chance d'apercevoir une meute de coyotes dans un champ. Ah tiens, ce sont des coyotes, et non des loups, que j'avais entendu hurler l'autre nuit. Matt m'a expliqué que les loups se trouvaient plus au sud du Saskatchewan (et donc j'imagine de l'Alberta). Ils remontent souvent du Montana et du Dakota du Nord. Par contre, j'ai des chances d'en voir dans les Rocheuses, qui ne sont plus très loin maintenant. Je scrute sans cesse l'horizon dans l'espoir de les apercevoir, mais tout le monde m'a dit que je ne les verrai pas avant Calgary, qui n'est plus qu'à 250km. J'y serai donc après-demain. J'ai trop hâte, je vais atteindre deux de mes objectifs, voir les montages, et rencontrer William. Vivement lundi!

Après avoir franchi la frontière de l'Alberta, j'ai fêté ça avec une bonne pizza. J'ai rapidement discuté avec un biker de mon voyage. Il était complètement officiel, le bandeau Harley-Davidson, le blouson, les jambières, les bottes et les mitaines en cuir, toute la panoplie quoi. Il avait une moto magnifique, de grands guidons et deux têtes de mort chromées sur son réservoir. En fait, quasiment toute la bécane était chromée. La plupart d'entre vous savent que les engins à moteur, c'est pas du tout mon truc, mais j'avoue que là j'étais impressionné par le design. Il m'a d'ailleurs dépassé, plus tard sur l'autoroute. Il m'a salué. J'ai bien rit, car il avait cette position caractéristique des Harley-Davidson : les bras et le jambes tendus. De loin, on aurait dit une étoile de mer ahaha! Je me suis toujours demandé si c'était confortable comme position, avec bras tendus comme ça vers me haut, la circulation sanguine doit se faire plus difficilement au niveau des mains?

Bref, j'ai rejoins Medicine Hat vers 16h15. C'est une grande ville, et j'aurais pu y trouver un couchsurfing facilement, mais je voulais rouler plus. J'ai donc atteint Suffield 40km plus loin, et planté la tente pas loin de l'autoroute. Il fait 0°C ou moins quasiment toutes les nuits maintenant, merci Will de m'avoir recommandé d'acheter un bon sac de couchage! Au fait, peux-tu m'envoyer ton adresse par email? Je te dis à lundi soir, si tout se passe bien!

samedi 12 octobre 2013

Vendredi 11 octobre : Moose Jaw - Maple Creek (300km)

Et voilà, 300km avalés en 3h. Facile!

Bon, je me suis levé vers 9h ce matin, après une nuit assez inconfortable. Matt m'avait prévenu, son canapé n'est pas fait pour qu'on dorme dessus. Après quelques tartines de miel, je l'ai accompagné à son campus, car il avait 2h de cours. C'était l'occasion de rencontrer Jasmin qui, malgré le fait qu'elle n'habite plus à Moose Jaw, travaille dans l'administration de cette école. C'est une fille super sympa,'on a bien discuté.

Nous sommes ensuite allés manger dans leur bar préféré, et après un bon sandwich au saumon, Matt et moi avons pris la route. Après Moose Jaw, le paysage devient différent. C'est un peu plus vallonné, et ce ne sont plus des champs à perte de vue, mais des prairies, en fait d'immenses enclos remplis d'herbes et de vaches. Voici donc la d'où provient une bonne partie de la viande du Canada. C'est magnifique comme paysage. Au début, j'avais quelques remords de ne pas être en vélo, mais sérieusement, le vent était si violent qu'on pouvait le sentir souffler contre la voiture, comme notre bon vieux mistral. Je suis donc bien content d'avoir accepté ce lift, et je n'ai aucun regret.

Matt m'a déposé devant un petit motel sur la transcanadienne avant de tourner à gauche en direction de Cypress Hills où il allait camper. Un automobiliste m'a proposé de m'emmener plus loin avec son pickup, il a eu pitié de moi à cause du vent. Son offre m'a fait très plaisir, surtout qu'il avait l'air vraiment cool, mais pas question de traverser la frontière de l'Alberta en voiture. Et puis, le vent est censé se calmer à partir d'ici.

J'ai décidé de me prendre une chambre, car j'ai définitivement besoin d'une nuit dans un bon lit. L'hôtel est assez délabré, il y a même des chats sauvages qui se baladent à l'intérieur, mais ce qui m'importe, c'est que mon lit soit confortable!

Un immense silo au loin

Une mine de sel

vendredi 11 octobre 2013

Jeudi 10 octobre : Regina - Moose Jaw (83km)

Ce matin nous nous sommes levés tôt Sébastien et moi. J'ai pris congé de lui vers 9h, avec une légère gueule de bois. T'avais raison Seb, l'hydromel, ça cogne le lendemain. Je me suis rendu dans un magasin de vélo au nord de Regina, pour ma roue libre. Résultat, j'ai dû la remplacer, ainsi que la chaine. Rien à faire pour la réparer, elle est morte.

Le vent devait être sud-est aujourd'hui, et souffler des rafales de 40km/h, ce qui est bon pour moi, sur le papier tout du moins... C'est donc plein de motivation que j'ai pris la direction du sud pour rejoindre l'autoroute. Les 5km pour m'y rendre ont donc été contre le vent, mais j'ai en fait réalisé qu'il n'était pas du tout sud-est, mais sud-ouest. J'ai alors pris mon temps, trainé dans un Tim Horton's pour boire un thé, la flemme de partir dans ces conditions...

Finalement je me suis décidé à décoller aux alentours de 11h45. J'ai fait une étrange rencontre sur la route. J'avançais péniblement avec le vent de côté, et c'est en levant la tête que j'ai aperçu, sur la voie opposée, un cyclotouriste. Il m'a pris en photo je crois, j'ai ensuite traversé les voies pour le rejoindre histoire de discuter un peu et de faire une pause. Le type s'est donc arrêté, je me suis approché de lui en lui tendant ma main, et là, il n'a pas bougé, il m'a regardé et m'a dit : "I'm not interested!" Etonné par sa réponse et le fait qu'il ne me serre pas la main, je lui ai demandé : "Not interested about what, shaking my hand?" et lui de me répondre : "Yes I'm not interested." et de partir!!!
Je suis resté comme un con. Cet événement m'a pas mal perturbé. Que dire? J'ai essayé de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête à ce moment-là, mais... Je ne sais pas quoi penser.

Bref je suis reparti un peu bouleversé, le vent était de plus en plus fort. Je suis arrivé à Moose Jaw, qui n'est qu'à une soixantaine de kilomètres de Regina, mais je me sentais si fatigué, en partie à cause des bières et de l'hydromel de la veille, mais aussi parce que ces derniers jours ont été physiquement et mentalement épuisants à cause du vent. J'ai donc décidé de m'arrêter là. La météo n'annonce que du vent de plus en plus fort pour demain, des rafales à 60km/h, venant du nord-ouest, et de la pluie. Pareil pour après-demain, sans la pluie. J'ai donc décidé de prendre un jour de repos.

Après une petite heure d'attente, j'ai reçu une réponse positive d'une couchsurfeuse nommée Jasmine. Elle n'habite plus à Moose Jaw, mais Matt, son ancien colocataire, est d'accord pour m'héberger. Je me suis donc rendu chez lui. Il était avec son ami Dan. Ils sont super sympas, on a passé une bonne soirée. Chaque rencontre est un plaisir, ça fait du bien de parler avec des gens nouveaux, d'écouter leurs histoires, leurs vies.

J'ai beaucoup de chance, demain, Matt doit aller près de la frontière de l'Alberta. Il m'a proposé de m'accompagner en voiture avec mon vélo, parce qu'il savait que ces prochains jours allaient être très très venteux. Après avoir pesé le pour et le contre, j'ai accepté. Rouler par un vent pareil n'est pas vraiment un agréable moment pour moi, et ça me laissera plus de temps pour faire du vélo dans les Rocheuses!


Danny et Matt

jeudi 10 octobre 2013

Mercredi 9 octobre : Wolseley - Regina (104km)

Encore 100km difficiles, mais je tiens bon.

Je me suis réveillé vers 8h ce matin, je voulais partir tôt, mais il fallait que je m'occupe de cette roue libre. J'ai passé deux bonnes heures à tout démonter, vérifier, essayer de comprendre, il faisait vraiment froid, et mes doigts en souffraient. Au bout d'une heure, Randy est venu m'aider. Le vélo n'est pas son domaine, mais lintéressant oui. Heureusement qu'il était là, il m'a prêté bon nombre d'outils, et m'a donné de précieux conseils. J'ai beaucoup appris, mais la chose la plus importante que j'ai retenue, c'est que ma roue libre était morte. Pour faire simple, elle ne tournait plus dans le vide, donc quand la roue tourne, les pédales tournent aussi, pas moyen de se détendre les jambes. Évidemment, ce n'était pas à Wolseley que j'allais trouver de quoi remplacer tout ça, j'ai donc pris la route malgré tout.

Le vent soufflait toujours aussi fort, toujours contre moi. J'ai donc avancé très doucement, 16km/h de moyenne, c'est physique de maintenir cette allure, pourtant la difficulté n'est pas là, c'est au niveau du mental qu'il faut tenir bon, car c'est tellement frustrant et rageant de voir les kilomètres défiler si lentement, sentir une rafale qui me ralenti brutalement. Heureusement que mon esprit est rempli de toutes sortes de choses auxquelles je peux penser, et oublier ainsi la difficulté du moment. Un morceau de musique, des paroles que j'essaie de retrouver, un délire avec mon frère, un épisode de The Office ou Futurama, un film, un moment doux avec Annabelle. Je me surprends à parler tout seul, je chante, dis des conneries, bref, tout pour oublier Zéphyr et son souffle constant.

Le vent s'est finalement calmé, vers 17h30. Il a d'abord perdu de son intensité, pour petit à petit s'arrêter complètement. Et mon rythme d'augmenter au fur et à mesure! J'ai plié les 30 derniers kilomètres en une heure, et ma motivation est revenue instantanément. J'ai d'ailleurs décidé de me rendre à Calgary, j'hésitais ces derniers jours, car cela me fait faire un détour pour me rendre à Jaffray, mais mon voyage perdrait de son sens si je ne faisais pas le pèlerinage chez William, qui est à la source de mon inspiration! T'es sacrément fort, Will, car à chaque fois que l'on discute, tu trouves le ou les bons mots pour me regonfler le moral, et la motivation. Je me demande si tu le fais inconsciemment ou non, mais je pense que tu choisis bien tes mots (c'est lorsque tu as employé le mot "téméraire" que tu m'as bien remotivé!).

Je suis arrivé chez Sébastien un peu après 19h. Il m'a super bien accueilli, et m'a préparé un repas D-E-L-I-C-I-E-U-X! Du canard qu'il à lui même chassé, merveilleusement cuit, avec une bonne salade et une pomme de terre. Je me suis vraiment régalé, je suis pas près de l'oublier. On a passé ensuite le reste de la soirée à discuter en buvant de la bière, c'est un garçon très intéressant, son but est d'habiter dans toutes les regions du Canada! J'ai adoré ce moment. Vraiment, le couchsurfing, c'est magique!

Randy

Pause déjeuner à Indian Head. Le drapeau en dit long

Zéphyr

Sébastien

mardi 8 octobre 2013

Mardi 8 octobre : Broadview - Wolseley (64km)

Une petite distance aujourd'hui, le coeur n'y était pas...
Je me suis réveillé tard ce matin, j'ai mal dormi cette nuit. Je me suis rapidement endormi après quelques hurlements de loups, et je me suis fait réveiller par des trains vers 1h30 du matin. Ils ont fait des manœuvres pendant plus de deux heures, j'entendais les locomotives relâcher la pression toutes les 10 secondes. Quand ils sont partis, ils ont hurlé à leur tour, plusieurs fois, pendant un long moment.
Le vent soufflait déjà bien lorsque j'ai pris mon petit déjeuner, mais je n'ai réalisé sa force que lorsque j'ai pris la route. En plus, le bruit qu'il génère au niveau de mes oreilles est vraiment violent, pas très motivant de rouler dans ces conditions, mais bon, on m'avait prévenu que les vents dominants soufflaient vers l'est. J'avance donc très doucement, j'ai réussi à trouver mon rythme, mais je me suis arrêté peu après pour faire mon épicerie, et faire une pause thé. Il est déjà tard, bientôt 16h, je décide donc de m'arrêter au bled d'après. Regina n'est qu'à une centaine de kilomètres, et le vent risque d'être aussi intense, sinon plus demain, autant être en forme. 
Beaucoup de québécois m'ont dit que c'était chiant de traverser les prairies, c'est sûrement le cas en voiture, car ça va vite, alors on n'a pas le temps d'apprécier le paysage. Et bien moi j'ai pris mon temps.
La route montait légèrement depuis un bon moment. Je pouvais voir au loin le haut de cette côte. Je prenais mon temps, je m'arrêtais pour prendre des photos de la route, mais ma tablette a du mal quand la lumière devient moins intense. Lorsque j'ai enfin atteint le sommet, j'ai été émerveillé par le panorama qui s'offrait à moi. Des champs à perte de vue, peuplés de bottes de foin harmonieusement placées. Quelques talus, des arbres par-ci par-là, derrière lesquels émergent parfois d'énormes silos, dont l'architecture évoque en moi les vaisseaux spatiaux des bandes dessinées que je lisais jadis. Au loin, un voiture roule sur un chemin de terre, soulevant derrière elle un nuage de poussière. Et cette légère brume qui enveloppe ce paysage, sur laquelle se reflète le soleil doré de l'automne, donne la touche finale à cet onirique spectacle.
C'est dans les nuages que je suis arrivé dans le petit Sleepy Hollow Campground. Il est tout aussi féerique que le décor précédent. Il y a un mot sur la porte de l'accueil, les propriétaires seront de retour dans la soirée. Il me faut trouver un endroit avec internet pour envoyer des requêtes de couchsurfing pour Regina, la destination de demain. Je suis donc allé au restaurant de l'hôtel où j'ai bu un thé, et mangé une pizza. J'ai discuté avec Patrick, la cinquantaine, d'origine suisse. Il était content de pratiquer son français.
Je suis ensuite retourné au camping, un peu inquiet car ma roue libre semblait être en mauvais état. J'y ai rencontré Randy, le propriétaire, il m'a prêté plein d'outils pour tenter de trouver le problème de ma roue, mais après une bonne heure de tentatives, j'ai baissé les bras, j'étais fatigué, et il faisait vraiment froid. Malheureusement, la douche était hors service, car il avait gelé quelques jours auparavant. Tant pis, je me coucher à présent, mon nouveau matelas ne se dégonfle pas, je suis confortablement installé.

Lundi 7 octobre : Virden - Broadview (139km)

Aujourd'hui un peu de répit. Enfin une journée où le vent m'est favorable. En plus, il a fait très beau, et  21°C, ce qui veut dire torse nu, quel plaisir!

J'ai pris mon temps ce matin, je ne suis sorti du lit qu'à 10h30. J'ai mal dormi, je me suis beaucoup réveillé, mes jambes étaient dures et me faisaient mal, car je n'avais pas pris le temps de me relaxer après mes étirements, la fatigue m'a trop vite mené dans les bras de Morphée.

Après avoir quitté le motel, je suis allé faire un tour dans Virden, car je voulais acheter des bananes et un bonnet, j'ai malheureusement oublié le mien chez Wes et Bridget. Une fois mes achats faits, j'ai pris la route. C'est Notos, le vent du sud, qui m'accompagne et me pousse aujourd'hui, car la route monte un peu vers le nord-ouest. Et voilà, j'ai plié 100km en 3h40, le plaisir!

C'est au 117ème kilomètre que j'ai aperçu Yasuko Utsumi sur son vélo. Elle allait dans l'autre direction, mais hasard (ou pas), un petit embranchement reliait les deux autoroutes. Elle est japonaise, j'ignore son âge, elle n'a pas su me le dire, mais quand je lui ai dit le mien, elle a rit et m'a dit qu'elle était beaucoup plus âgée. Je lui ai demandé ce qu'elle faisait, elle m'a dit qu'elle allait à Montréal. Je lui ai dit que c'était trop tard pour se rendre là-bas, l'hiver approche à grands pas. Son vélo est un VTT (mountain bike), tout son barda est sommairement attaché sur son porte bagage arrière par des tendeurs, et elle a trois sacs en tissus accrochés à son guidon gauche. Pas de pédales à clip pour elle! Elle m'a expliqué qu'elle avait fait du vélo en France, dans le Midi je crois, mais je ne suis pas sûr. Elle veut se rendre en Amérique du Sud après parce qu'il fait plus chaud là-bas! Elle voudrait aussi traverser la Chine pour rejoindre la Russie via le Kazakhstan, mais les relations sino-japonaises sont loin d'être pacifiques, c'est trop dangereux pour elle m'a t-elle expliqué.

Pauvre Utsumi, aujourd'hui, c'est toi qui avait le vent de face. Tu m'as vraiment impressionné, toute chétive, sur le bord de l'autoroute avec ces énormes camions qui passaient à côté de nous, j'avais peur que tu ne t'envoles. J'avais presque envie que le vent tourne pour te pousser jusqu'à Whitewood, où je m'étais arrêté faire une pause, 20km plus tôt. Tu m'as inspiré un profond respect, j'étais un peu inquiet en te quittant, toujours à cause des camions, mais il y a beaucoup d'espace sur le bord de la route pour les cyclistes, alors je suis sûr que tout s'est bien passé.
Je te dédis cet article, j'espère que tu trouveras un moyen de rejoindre Montréal, et que tu n'auras pas trop froid.

De mon côté, je me suis arrêté sur une aire de repos où il y a des emplacements de camping. J'ai fini mon riz ce soir, et je n'ai plus de pâtes. Heureusement, j'ai acheté du pain ce matin. J'ai hâte d'être demain au petit-dej, tartines de miel au menu, miam! Tiens, au fait, je suis au Saskatchewan!

lundi 7 octobre 2013

Dimanche 6 octobre : Brandon - Virden (86km)

Je suis épuisé aujourd'hui...

Je me suis réveillé tard, vers 10h. Je suis descendu dans la cuisine où j'ai été accueilli par Bridget qui préparait un succulente omelette aux tomates, persil, patates douces et ail. Ca fait du bien de manger des bons produits, ça change des pâtes, du riz et des pizzas. Au fait, j'ai oublié de mentionner que Luis, avant que je le quitte, m'a offert une sorte de pot de miel... Deux kilos d'une ferme apiaire du coin. C'est lourd, mais quoi, vous m'imaginez refuser deux kilos de miel?!

Après ce délicieux petit-déjeuner, je me suis délesté d'un kilo dudit miel, que j'ai offert à Wes et Bridget, eux aussi sont de grands amateurs de cette délicieuse denrée! Je suis ensuite remonté dans ma chambre pour écrire mon blog, car je n'en avais pas eu la force la veille. J'ai ensuite un peu hésité entre partir ou rester, car Wes et Bridget m'avaient gentiment offert de passer une nuit de plus chez eux, et aussi le vent soufflait fort de l'ouest, Zéphyr a pris la place de Borée, son frère du nord. Finalement, j'ai décidé de prendre la route, le temps était magnifique et il faisait chaud.

Les quarante premiers kilomètres m'ont parût en être quatre-vingt tellement le vent était de face. J'ai même failli m'arrêter dans une toute petite ville nommée Alexander. Finalement, mon envie d'avancer a pris le dessus, et j'ai roulé contre le vent jusqu'à Virden, où je suis arrivé épuisé, à la nuit tombée.

J'ai d'abord cherché un couchsurfing, mais sans succès. J'ai ensuite hésité, planter la tente ou le motel. La nuit est noire, il fait froid, je suis crevé, la seconde option l'a emporté, qu'importe! Aujourd'hui, je signe mon 3000eme kilomètre, au diable l'avarice!

Demain, le vent est censé souffler pour moi. Je croise les doigts pour que la météo soit juste. Si c'est le cas, je vais rouler un maximum, donc tant mieux si je dors au chaud dans un bon lit! Je suis maintenant à 50km du Saskatchewan, j'ai hâte d'y être! Je pense de plus en plus aux Rocheuses, j'en ai même rêvé la nuit dernière.

J'ai une pensée pour vous tous qui m'accompagnez à travers ces lignes, ma mère, mon père, Jacques Franceschi, Annabelle, Michel, Guilhem, Clara et Julie, mes grands parents, Romain et Audray, Nicolas et Macha, MatGé, Fernando, Fred Ladouceur, Sophie, Janie-Claude, Simon-Pierre, Jay, Seb, Eric, Pauline et Julien, Marie Trevennec, Claude mon oncle, toutes mes couchsurfeuses et tout ceux et celles que j'ai rencontré durant mon voyage.
J'ai une pensée particulière pour toi William, je suis toujours sur la Trans Canada #1, toi tu avais rejoins la #16 après Portage la Prairie.

dimanche 6 octobre 2013

Samedi 5 octobre : Portage la Prairie - Brandon (135km)

Encore une aventure cette journée.

Après avoir mangé de délicieuses gaufres préparées par Luis, c'est vers 14h que j'ai finalement pris congé de lui. J'ai roulé quelques minutes, et j'ai soudainement réalisé que j'avais oublié l'armature de ma tente dans son garage. J'ai eu beaucoup de chance, car Luis était en train de partir en voiture avec une amie quand je suis revenu. Je suis donc parti pour de vrai à 14h15.

Il y a 126km entre Portage et Brandon, ce qui signifie 6h de vélo à 20km/h de moyenne. L'horizon s'étend à l'infini désormais, la route est plate, et le vent souffle du nord, comme la veille. Ce qui est bien avec le Manitoba, c'est qu'il y a beaucoup d'espace sur le coté de la route, comme une troisième voie, rien que pour moi. Alors je roule, je roule à chaque fois vers un point que je me fixe à l'horizon : un arbre, un pylône électrique, une bâtisse, et à chaque fois que je l'atteins, l'infini s'étend à nouveau devant moi, alors je me cherche un autre objectif, et ainsi de suite.

La température est de plus en plus basse, et le vent accentue la sensation de froid. Heureusement, je suis bien couvert, je n'en souffre pas.

A chaque kilomètre, je vois le jour décliner. Que c'est beau, cette immense étendue, ce soleil derrière ces nuages bleus et roses, là, juste en face de moi. C'est bien vers l'ouest que je me dirige! La nuit tombe, une très légère brume se lève. Il me reste 40km, mais ce n'est pas grave, je suis bien, mon allure est régulière, le vent s'est calmé, il me laisse souffler à mon tour.

Il faut écouter ce morceau pour lire la suite https://www.youtube.com/watch?v=RScZrvTebeA&feature=youtube_gdata_player

J'essaie de me figurer la distance que représentent 20 kilomètres avant qu'il ne fasse complètement noir. Je cherche des repères au loin. Lorsqu'à la nuit tombée j'entrevois les lumières de Brandon, dans ma tête se joue la musique de Blade Runner. C'est comme dans un rêve, je chevauche la nuit sur mon vélo, traverse l'obscurité à travers mon effort incessant, une sorte de transe m'envahit, les yeux rivés sur les lumières de la ville. J'hallucine même des flammes s'échappant d'immenses cheminées, comme dans Blade Runner. C'est onyrique, je flotte presque dans la froideur de la nuit.

C'est seulement en arrivant aux portes de la ville que je suis sorti de cet état. Le froid commençait à être piquant, et il me fallait trouver un accès internet. J'ai eu beaucoup de mal à y arriver. Heureusement, Bridget avait répondu positivement à ma requête. C'est son mari Wes qui m'a accueilli. J'étais frigorifié, il m'a tout de suite offert de prendre une douche. Ensuite, j'ai bien mangé en sa compagnie, et Bridget nous a rejoint après. Nous avons passé une très agréable soirée.

Je me couche à présent, dans un lit bien douillet, les yeux remplis de ces magnifiques images, et la musique irréelle de Vangelis dans la tête.

Au revoir, Sally, Luis et Max!

Le crépuscule

Ma vision

Wes, Devon (un locataire), et Bridget!

samedi 5 octobre 2013

Vendredi 4 octobre : Winnipeg - Portage la Prairie (58km + lift 30km)

Et oui, j'ai accepté un lift, j'ai glissé...

Je me suis réveillé ce matin sur ce bon gros matelas gonflable plutôt confortable, malgré le fait que, peu importe le matelas, s'il est gonflable, il me donne mal au dos. Pas de panique, mes vertèbres semblent être à leur place. J'ai pris le temps de discuter avec Jocelyn, qui avait son cours de latin à 11h, et oui, de latin. Cela a réveillé le souvenir en moi, non sans regrets, que j'ai aussi pris des cours de latin, pendant 4 ans je crois, et que je ne me rappelle quasiment de rien. Qu'est-ce que j'ai pu glander dans mes années de collège et lycée...

Après avoir pris congé de mes hôtes, je me suis rendu à la Mountain Equipment Coop, la MEC, où j'ai échangé mon horrible matelas gonflable contre un nouveau (le jaune que le vendeur m'avait conseillé à Montréal @ Romain & Audray). Le vendeur de Winnipeg, qui, au passage, est aussi un cyclotouriste (le mec a tout de même fait Amsterdam - Istanbul en vélo), m'a conseillé vivement ce matelas, malgré le fait qu'il ne fasse qu'1m83 de long, il m'a dit que c'était le meilleur choix, et pas de risque qu'il ne se dégonfle, ou ne se troue, c'est du solide!

J'ai ensuite pris la route pour Portage la Prairie, qui n'est qu'à 82km de Winnipeg selon googlemap. Le vent est toujours aussi fort, aussi froid, et aussi intense, mais heureusement aujourd'hui, il était un peu plus de biais que la veille, au lieu de l'avoir en pleine face, je ne l'avais qu'à demi face!! C'est un début, prenons le positif, et laissons le négatif se faire emporter par Zéphyr. Le bougre d'ailleurs ne fait pas qu'emporter mon malheur, il promène aussi avec lui cette odeur puante d'engrais chimiques que déversent les agriculteurs dans leurs immenses champs. Le Manitoba, c'est vraiment le Level 2 du voyage, pas de la tarte...

C'est après 58km que cet énorme clou rouillé a décidé de trouver refuge dans ma roue arrière. Décidément, cette pauvre roue prend l'enfer. Un juron m'a échappé, alors que j'essayais, plein de bonne volonté, de me dire que je serais heureux si j'avais un bateau avec ce vent : "Putain de chier de roue de merde jpp ffs!" ce qui, en québécois, se résume simplement à : "Ooooh mon tabarnak d'Ostie d'câlisse de crisse de tabarnak de saint ciboire de roue à marde!" Ca venait du cœur, c'est pour ça que je l'écris icitte (ici pardon).

Ben figurez-vous que toutes mes pensées positives ont été payantes, malgré ma légère implosion verbale. Quelqu'un s'est arrêté dans les deux minutes qui ont suivi l'incident. Donald, un sympathique bonhomme, qui m'a proposé de me conduire à Portage, où il y a un magasin de vélo. Je n'ai même pas réfléchi, j'ai dit oui direct. Don, si tu lis ces lignes : Thank you so much mon ami, so so much!

Il m'a déposé à un magasin de sport après s'être assuré qu'ils avaient bien tout ce dont j'avais besoin : pneus adaptés à mon vélo, jantes, chambres à air. Un ange tombé du ciel quoi! Décidément, ces canadiens ont bien le coeur sur la main.

Mais attention, ce n'est pas fini! J'avais pris soin de faire des requêtes de couchsurfing avant de quitter Winnipeg, et Luis m'avait aussitôt répondu que j'étais le bienvenu chez lui. Mon premier hôte masculin!!!
Donc je suis sur le trottoir devant ce magasin de sport, à réparer ma roue. Et là, je lève la tête, et qui je vois, à 20m de moi venant à ma rencontre? Luis! Alors que j'étais censé arriver 2h plus tard!! Le mec apparait, il pop de nulle part. Bon, plus rien ne m'étonnera à présent.

J'ai passé une merveilleuse soirée, en compagnie de Luis, son amie Yvette, son colocataire Kelly, ainsi que ses deux chiens : Max et Sally. Leur maison est immense, je suis dans un lit super confortable, et je suis épuisé!

Bonne nuit!

XD

L'assassinat de ma nouvelle chambre à air

Don, mon sauveur!

L'infâme meurtrier! J'aimerais bien connaitre son histoire.

Luis

vendredi 4 octobre 2013

Jeudi 3 octobre : Prawda - Winnipeg (111km)

Quelle dure journée!

Déjà, la nuit ne fût pas des plus confortables, j'ai dormi sur le sol car mon matelas ne se gonfle plus. Il a fait bien froid cette nuit, heureusement que j'ai un bon sac de couchage, mais la différence de température est impressionnante lorsqu'on est contre le sol. Enfin, c'est loin d'être la pire que j'ai passée, et j'ai tout de même réussi à dormir suffisamment sans me bousiller le dos.

J'ai quitté le camping vers 10h30. Le vent soufflait bien déjà, et c'est après 50km que j'ai décidé de faire une pause dans cette pizzeria sur le bord de route. Monumentale erreur. J'étais mort de faim, j'ai donc commandé une pizza large, que j'ai dévorée, tout en skypant avec mon Annabelle. Tout au long de la conversation, je jetais un œil inquiet aux drapeaux dehors, m'indiquant la force du vent, qui n'allait qu'en augmentant... J'ai donc repris la route, le ventre trop plein, difficile d'avancer donc, mais surtout le vent, toujours froid et continu, et ses rafales à 40km/h. Les soixante derniers kilomètres ont donc été un enfer. Ma digestion me prenant une bonne partie de mon énergie, et le vent m'en demandant le double.

Le paysage a changé radicalement. La route est complètement plate à présent, et d'un coup, la forêt s'est arrêtée pour faire place à une immense plaine. Me voilà maintenant dans les prairies, et voilà la raison pour laquelle le vent est aussi fort, aucun obstacle ne le ralenti!

Je suis arrivé à Winnipeg à 19h30, et chez ma couchsurfeuse à 20h30. Elle s'appelle Jocelyn, elle est rentrée en août d'un voyage incroyable en Australie, qui a duré plus de deux ans et demi! Elle est super sympa, elle m'a accueilli avec une bonne plâtrée de pâtes, que j'ai mangé malgré mon manque d'appétit. Sa maman nous a rejoint ensuite, car elles habitent ensemble. On a passé une excellente soirée, on a bien rigolé, et c'est vers minuit que j'écris ces lignes, sur un matelas gonflable qui, j'espère, ne se dégonflera pas...

Couleurs merveilleuses

For sure I will be!

Ma nouvelle compagne : la Transcanadienne #1

Jocelyn et sa maman